Conseil de lecture : Lettres à Clipperton


D’Irma Pelatan, nous sommes déjà à PBMP de grands défenseurs du premier roman : L’odeur de chlore. Nous aimions sa manière fine et forte à la fois de mélanger l’intime et l’histoire, la subtile dramaturgie emmenant le lecteur, sans avoir l’air d’y toucher, vers un climax déroutant.


Toutes ces qualités, on les retrouve dans son second ouvrage, Lettres à Clipperton. Un roman épistolaire très original basé sur une série de contraintes très oulipiennes, dont la principale fut celle de s’adresser à « tout résidant » d’une île (Clipperton, donc) qui ne possède pas d’habitants. Ou plutôt si, elle « possède » beaucoup de monde, cette île, ou plutôt elle les obsède. À commencer par l’autrice elle-même, qui au fil des pages embarque avec elle le lecteur dans une sorte d’obsession dont les motifs sont au début assez nébuleux, comme découpés dans une brume épaisse, qu’Irma Pelatan s’attache à dissiper missive après missive, avec un sens du suspense non négligeable.


En réalité, on oublie vite les contraintes que s’est imposées l’autrice (même si elles valent leur pesant de sable clippertonien – nous n’en dirons pas plus, car c’est une gourmandise de les découvrir dans la postface du livre), pour se laisser prendre dans ce récit à la fois intime et universel de la découverte d’un territoire inhabité et relevant presque du rêve, du fantasme.


Un livre que l’on dévore en quelques jours à peine et qui, comme son précédent ouvrage, délivre bien des surprises.


Ajoutons que le livre est agrémenté d’une série de photos par les artistes Hesse et Romier, pour lesquelles certains amateurs dont nous faisons partie auraient aimé un plus bel écrin. Oui, le livre aurait peut-être été plus cher avec une impression de meilleure qualité, mais ces photos (et ces artistes) le méritaient sans aucun doute (de même qu’une possible mention en couverture). Reste qu’elles font là un bon « bonus », à ce livre, un autre regard sur cette île mystérieuse et magnétique.

Antonin

Lettres à Clipperton – Irma Pelatan – La Contre Allee (08/04/2022)

224 pages – 21,00 €