Conseil lecture : Mycélium, petit conte apocalyptique

Youri Johnson, l’auteur de Mycélium, existe-t-il ? Il a un compte Instagram et expose dans des galeries d’art contemporain, mais ce n’est pas une preuve. Personnellement, j’ai des doutes, mais je ne suis pas aller vérifier sur Google, car au fond, qu’importe ?

L’important, c’est que ce poète, ou artiste, ou personnage cathartique, ait un jour entendu parler du « Champignon de la fin du monde » d’Anna Tsing et que dans son cerveau de trentenaire à peine, nourri aux récits post-apocalyptique de génération enlisée dans un capitalisme honni (il aurait pu écrire pour Le Sabot dont je vous parlais récemment et si les uns ou les autres se croisent, cela promet des étincelles), cela a fait « tilt ». Ou plutôt, cela lui a procuré un long rêve comme enfoui jusque-là sous l’humus de ses pensées, éclos sous la forme d’un champignon difforme, aux capacités prophétiques et (évidemment) sexuelles. Zouri Johnson nous livre donc là une sorte de monologue en vers libre dans lequel il faut se plonger avec mélancolie et tristesse, mais de ces tristesse, pour le paraphraser, que l’on doit se garder car elles permettent de mesurer la violence du monde.

On notera que, pour une fois, il ne faut pas zapper la préface de ce livre (aussi longue que le livre elle-même), car elle fait partie de l’œuvre elle-même, en une révélation mystificatrice (oh le bel oxymore) −à la Volodine− sur le personnage de Youri Johnson et son œuvre.

Antonin

Mycélium, petit conte post-apocalytique – youri Johnson – 80 p – 15 euros – Éditions Le Murmure
Préface : Romain Noël

 

Conseil lecture : Le Sabot (pour détourner le temps qui passe)

Parce qu’il faut savoir prendre un peu de temps pour qu’une phrase nous émeuve, alors il faut lire Le Sabot. Une étrange revue pour qui pense, quand il entend ce mot, à l’enquête, à la prise de position, ou même au samizdat enflammé. Il y a un peu de ça dans ces quelques pages A4 de littérature quasi-clandestine (car arrachée aux intestins des écrivains), mais il y a aussi autre chose. Il y a la croyance que l’on peut puiser dans les mots une force assez puissante pour saboter le monde, c’est-à-dire en arrêter les rouages. Que cet arrêt provienne des mots eux-mêmes ou de la position du lecteur qui les reçoit, je n’en suis pas sûr, mais qu’importe.

On ne peut pas lire de poésie sur un coin du bureau, avec seulement un coin de cerveau, il en va de même pour Le Sabot dont les textes, justement, tirent souvent vers la poésie. Il faut choisir son moment, ne pas être déranger. Et parfois, au détour d’une page, la phrase qui donnera son sens à toute la lecture.