Parce qu’il faut savoir prendre un peu de temps pour qu’une phrase nous émeuve, alors il faut lire Le Sabot. Une étrange revue pour qui pense, quand il entend ce mot, à l’enquête, à la prise de position, ou même au samizdat enflammé. Il y a un peu de ça dans ces quelques pages A4 de littérature quasi-clandestine (car arrachée aux intestins des écrivains), mais il y a aussi autre chose. Il y a la croyance que l’on peut puiser dans les mots une force assez puissante pour saboter le monde, c’est-à-dire en arrêter les rouages. Que cet arrêt provienne des mots eux-mêmes ou de la position du lecteur qui les reçoit, je n’en suis pas sûr, mais qu’importe.
On ne peut pas lire de poésie sur un coin du bureau, avec seulement un coin de cerveau, il en va de même pour Le Sabot dont les textes, justement, tirent souvent vers la poésie. Il faut choisir son moment, ne pas être déranger. Et parfois, au détour d’une page, la phrase qui donnera son sens à toute la lecture.