Je ne connais pas grand-chose au système carcéral.
Comme beaucoup d’entre nous, j’ai été abreuvé de représentations de la prison par les séries et les films américains qui montrent à l’écran des individus monstrueux (le silence des agneaux) ou des univers fantasmés avec leurs promesses d’aventures (à l’instar de prison break).
Un jour, dans un festival, l’association Génépi m’a fait rentrer dans la reconstitution d’une cellule de prison française. » Imaginez-vous avec 3 ou 4 individus dans ces quelques mètres carrés, pendant plusieurs années ». Une bonne grosse claque, plus puissante que nombre de discussions et argumentaires abolitionnistes pour réaliser la violence du système carcéral.
La lecture du théâtre carcéral d’Alexia Stathopoulos m’a fait le même effet. Grâce à un très gros travail de terrain (notamment une cinquantaine avec détenus, matons et CPIPs sur deux établissements pénitentiaires), l’autrice nous emmène décortiquer ce « théâtre » : les dispositifs d’exclusion physique, sociale, les nouvelles règles de jeu qui s’imposent à chacun·e et enfin les rôles que chacun·e endosse pour survivre à cet univers déshumanisant, qui nie les identités et les individualités des détenu·es, mais aussi des professionnels.
Le livre est pédagogique, simple à lire, factuel, très sourcé. Il nous donne à voir l’absurdité de ce système opaque, indigne, violent, dans une écriture pourtant plus scientifique que militante (il s’agit de la réécriture d’une thèse de sociologie).
A lire en parallèle de la Bande dessinée « perpendiculaire au soleil » (une très belle correspondance avec un condamné à mort américain)
Le théâtre carcéral
Alexia Stathopoulos
262 pages – 20€
Editions du commun